Même si je recommande fortement l’investissement passif à ceux qui lisent le blog, personnellement, je n’en fais que partiellement. Une partie de mon portefeuille est constitutée de FNB qu’on peut retrouver sur la page portefeuilles modèles. L’autre portion est constituée d’actions ou de FNB autres. Si vous vous posez la question pourquoi je ne fais pas que de l’investissement passif, vous avez beaucoup de pistes dans cet article.
J’avais envie de partager avec vous ce que je regarde lorsque j’achète (ou vend) une entreprise. Avant de commencer, il faut spécifier que je suis un investisseur fondamental. Je me base sur des informations financières pour prendre des décisions. Je n’utilise pas l’analyse technique. Il y a peut-être un critère que j’utilise qui pourrait être relié à l’analyse technique, mais il s’agit d’un critère bien secondaire. Les fondements théoriques de l’analyse technique sont assez faibles lorsqu’on les compare à l’analyse fondamentale.
Je n’entrerai pas dans les détails de toutes les statistiques, mais j’utilise une sorte de code pour vous y retrouver. Les termes en anglais sont des statistiques standards qu’on peut facilement trouver la définition sur internet. Pour les éléments en français, je n’utilise pas forcément une méthode standard. Je parlerai davantage de ceux-ci. J’ai classifié les différents critères basés sur les catégories suivantes: profitabilité, stabilité, prix, croissance et qualitatif.
Les catégories et les outils sont classées en ordre d’importance selon mon avis personnel.
PROFITABILITÉ
Outils: return on (invested) capital, return on equity, return on asset, gross margin et net margin.
Pour moi, la profitabilité d’une entreprise est l’élément le plus important à regarder. J’investis dans une entreprise parce que je crois qu’elle peut utiliser mon capital à bonne escient pour générer le maximum de rendement. Pour cette raison, je suis moins actif dans les secteurs de télécommunications ou de services publics (utilities), car les rendement sur le capital ou l’actif sont généralement plus faibles. Par contre, ces secteurs sont considérés comme étant les plus sécuritaires. La rentabilité est moins bonne, mais la stabilité est excellente. Personnellement, la profitabilité passe avant la stabilité.
PRIX
Outils: discounted cash flow et mouvement du prix de l’action à court & long terme
Pour moi, le prix n’est pas l’élément le plus important, mais il fait partie de mon top 3. Je juge si le prix est bon grâce à des modèles de discounted cash flow (DCF). Les modèles DCF utilisent des informations financières pour dériver un prix selon les hypothèses utilisées. Ça semble très complexe, mais il y a certains modèles qui sont tout de même très simple. Je regarde peu le price/earnings, le price/book ou le price/sales. Pour moi, une compagnie « cheap » n’est pas forcément une compagnie avec un faible Price/Earnings. Si jamais cela vous intéresse de savoir pourquoi, vous pourrez me le laisser savoir. C’est quand même long à expliquer, donc j’en ferais un article complet…s’il y a de l’intérêt bien sûr.
Le second critère que certains pourraient considérer de l’analyse technique est de regarder la tendance de l’action à long terme et à court terme. À mon avis, il n’y a pas de fondement scientifique solide à ce critère. Je regarde le prix de l’action à long terme pour voir si l’entreprise a généré un rendement décent pour les actionnaires dans le passé. En général, je préfère des entreprises qui ont généré un rendement intéressant. Le principe est que les gagnants en bourse restent les gagnants. Ainsi, on ne veut pas une entreprise qui n’a pas été capable d’évoluer dans les 10-15 dernières années. À court terme, je préfère des actions qui sont à la baisse. Attention, qui sont à la baisse pour aucune raison apparente ou majeure. Si une compagnie annonce qu’elle perd son client majeur, oui c’est bien possible que la baisse du prix de l’action soit justifiée et cela ne m’intéressera pas forcément.
CROISSANCE
Outils:Sales growth, Earnings growth , operating cash flow growth et free cash flow growth.
Eh oui, pour moi, la croissance passe généralement après le prix. Je vois les entreprises à forte croissance comme étant bien plus risquées. La mathématique financière fait en sorte que les erreurs d’estimation sont plus grandes pour les entreprises à forte croissance. On fait plus d’argent si les estimations sont revues à la hausse. Par contre, une baisse des hypothèses se transmet par une plus forte chute. Actuellement, je trouve bien souvent que les compagnies à forte croissance (souvent des sociétés technologiques) se vendent à des prix démentiels. Je n’ai pas toujours eu ce biais. De 2017 à 2020 l’entreprise avec le plus grand poids dans mon portefeuille a été bien souvent une société technologique. Même si j’aimais beaucoup l’entreprise, je trouvais l’évaluation trop généreuse. Bref, mon critère 2 l’a emporté sur mon critère 3 😉
STABILITÉ
Outils: stabilité du return on capital, stabilité des ventes, stabilité des profits et évaluation de la dette.
Même si je ne cherche pas la stabilité à tout prix, je sais l’apprécier. Je n’aime pas les entreprises qui sont trop volatiles. Pour que j’accepte d’avoir une compagnie qui fait de l’argent une année sur deux, il faudrait que les gains soient colossaux. Avoir une compagnie très risquée n’est pas forcément rentable. Avoir une compagnie risquée alors qu’elle enchaîne des mauvais résultats ça fait mal au portefeuille. Certains vont dire qu’à long terme tout s’arrange. Je ne suis pas d’accord. Oui, pour le marché boursier le temps arrange les choses. Du point de vue des entreprises, c’est loin d’être le cas. Dans des cas extrêmes, cela peut être la faillite. Je n’ai pas une méthode précise pour la stabilité, je veux simplement que les résultats ne soient pas trop binaire. Si la rentabilité est au rendez-vous, je peux être prêt à tolérer de la volatilité. Je regarde aussi le niveau de dette. Je n’utilise pas un ratio standard parce que l’endettement peut être problématique ou être un vecteur de rendement. Si on a des revenus et dépenses très stables, la dette est clairement un vecteur de création de richesse. L’entreprise peut facilement s’endetter sans prendre de trop grands risques. À l’inverse, une grande dette et une grande volatilité des ventes ne fait généralement pas bon ménage. Je l’avais expliqué plus en détail dans cet article alors je vais m’arrêter ici.
QUALITATIF
Quelles sont les entreprises comparables? Où l’industrie se dirige-t-elle? Quelles sont les dernières décisions du management? Il y a-t-il des barrières à l’entrée? L’entreprise domine-t-elle son secteur? Acquisition d’entreprise en vue et résultats des dernières acquisitions?
Les chiffres c’est une chose, mais on achète une entreprise pour son futur et non pour son passé. Le passé est parfois une bonne indication du futur tant qu’il n’y a pas d’éléments perturbateurs. Je le mets en dernier parce qu’il en faut forcément un. La qualité du management est quelque chose que j’aime bien regarder. Vérifier les dernières acquisitions, quand les rachats sont-ils effectués (à fort prix ou lors des baisses de marché?) et l’historique global de la firme. Bref, les questions seront bien souvent différentes selon le type d’entreprise. C’est un peu la sauce secrète au mélange 😉
CONCLUSION
Il s’agit des éléments principaux que je regarde. Bien entendu, chaque entreprise est différente et la profitabilité n’est pas toujours le critère numéro 1 d’une transaction, mais ça vous donne une idée de ce que j’utilise. Beaucoup de styles existent en bourse et mon style n’est certainement pas meilleur qu’un autre. C’est simplement avec lui que je suis le plus à l’aise.
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