Les règles de pouce sont hautement imparfaites

OBÉIR À LA RÈGLE TU FERAS

Simplifier un concept en une phrase ou une formule mathématique de 2 éléments ça fait du bien après s’être cassé la tête à comprendre des situations complexes. Les règles de pouce sont réconfortantes. Ce n’est pas pour rien que le public en raffole. On entre nos variables dans la formule et on obtient un résultat clair et précis. Clair, d’accord…précis? Ehhh non. Les règles de pouce nous donnent un sentiment de précision alors qu’elles sont tout le contraire de la précision. Dans notre tête, on met les nombres dans notre formule magique et on obtient pratiquement un commandement dont nul ne devrait défier.

ÉVALUER SA CAPACITÉ D’ACHAT AVEC SON TAUX HORAIRE

Il y a un vieux truc de finances personnelles qui dit qu’avant d’acheter quelque chose, on devrait calculer le coût de l’objet (ou service) en heures travaillées. Par exemple, si je gagne 25$ de l’heure (52 000$ de revenu annuel) et qu’un objet coûte 100$, on doit travailler l’équivalent de 4 heures pour l’avoir. C’est une méthode facile et elle est assez intuitive. Vous savez le problème des méthodes faciles et intuitives? elles sont rarement tout à fait exactes. Évidemment, cela n’a jamais été l’objectif de la méthode de l’être. Je pense que c’est une excellente méthode parce que ça met en perspective le coût d’un achat versus le temps à travailler. Par contre, comme je vais le montrer, il s’agit d’une méthode qui pourrait surestimer grandement votre pouvoir d’achat!

Le premier problème de cette méthode, dont certains se sont probablement déjà doutés, est qu’on prend le taux horaire brut. Ce n’est pas vrai que ce taux horaire se retrouve dans nos poches. On sous-estime le nombre d’heures qu’on doit travailler. Par exemple, si on prend un individu qui gagne 52K$ par année et qui travaille 40h semaine, il réalise un taux horaire de 25$ de l’heure. Par contre, ce qui tombe réellement dans ses poches après les impôts et les cotisations salariales (RRQ, RQAP, etc.) c’est 38.4K$ (calculateur). Son vrai taux horaire est plutôt de 18.46$ net d’impôts et cotisations. Une diminution de 26.2% par rapport au taux horaire brut. Le même produit de 100$ nous prend 5.4h plutôt que 4h. Ça fait mal hein? malheureusement pour vous, ce n’est que le début 😉

On pourrait rajouter une couche en disant que le 100$, en réalité, c’est environ 115$ dû aux taxes de consommation si on ne les avait pas considérées. Le 5.4h augmente donc de 15% pour le gonfler à 6.2h. Ai-je fini? Bien sûr que non!

En prenant son taux horaire, on considère que toutes nos dépenses sont discrétionnaires alors que ce n’est pas le cas. Peu importe votre salaire, vous devez combler vos besoins de base. Tout le monde doit manger convenablement, s’habiller, se loger, se déplacer, etc. De ce que je vois des blogues FIRE, le montant de « survie » de base est probablement autour de 15K$. On pourrait dire que 15K$ est insuffisant pour la majorité des gens. Beaucoup de personnes seraient probablement incapables de vivre avec ce montant. On pourrait dire que 15K$-22.5K$ est suffisant pour une bonne partie de la la population.

ÇA DONNE ENVIRON LA MÊME CHOSE!…NON?

Où est-ce que je veux en venir? Ce n’est pas vrai que vous pouvez dépenser ce montant comme vous voulez, car vous devez vivre. La vie est un gros coût fixe. Je ne pourrais pas prendre tout mon salaire et aller m’acheter une voiture avec par exemple. J’ai des besoins de base à combler. En bref, votre montant de 38.4K$ est plutôt un montant de 15.9K-23.4K$ de dépenses discrétionnaires. Ce montant converti en heure est de 7.64-11.25$. Pour le bien discrétionnaire de 100$, on est dorénavant à 8.9h-13h ou 10.2h-15h en incluant les taxes de consommation. On se rappelle qu’avec la première méthode, on obtenait 4h. La réalité est plus proche du triple du temps estimé si l’on considère les impôts et les frais fixe de la vie. On peut monter à du quadruple si on parlait d’un article dont les taxes n’étaient pas encore appliquées. J’espère ne pas trop vous démoraliser 😆

Même si utiliser cette méthode est un pas dans la bonne direction dans la gestion de ses finances personnelles, la critique que je fais de celle-ci est qu’elle sous-estime beaucoup le vrai temps qu’on doit travailler pour acheter quelque chose.

MISE EN GARDE

À la base, cette méthode existe pour sa très grande simplicité et je viens de la maltraiter avec beaucoup de complexité…ce qui est tout le contraire de son objectif. Mon objectif était de montrer que les méthodes approximatives sont parfois très…approximatives.

Quand vous cherchez une règle pour trouver la valeur nette que vous devriez avoir accumulée à l’âge X, demandez-vous si cela reflète vos objectifs.

Quand vous cherchez une règle pour l’allocation de vos actifs selon votre âge, demandez-vous si elle est raisonnable considérant votre situation.

Quand on vous dit qu’il vous faut 75% de votre salaire à votre retraite, questionnez-vous sur vos dépenses durant votre vie active et ce que vous planifiez pour la retraite.

Quand on vous dit qu’il vous faut 6 mois de salaire mis de côté pour les urgences, demandez-vous quelles sont vos dépenses courantes et vos différentes options en cas de pépin.

Si on vous dit que vous devez avoir X% d’alloué au logement dans votre budget, considérez le prix immobilier de votre ville.

Bref, faites attention avec les règles de pouce dont vous ne connaissez pas trop les fondements. Une analyse détaillée de votre situation donnera forcément un résultat plus précis que de prendre une règle toute faite qui fonctionne pour supposément tout le monde.

Le journal d’un investisseur
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