The Most Important Thing: Uncommon Sense for the Thoughtful Investor par Howard Marks

Cela fait un petit moment que j’avais lu The Most Important Thing: Uncommon Sense for the Thoughtful Investor de Howard Marks. J’avais pris des notes, mais je n’avais pas pris le temps d’en faire un article….mais finalement le voici!

Qui est Howard Marks?

Howard Marks est une figure incontournable du monde de l’investissement, particulièrement respectée pour sa réflexion stratégique et sa capacité à vulgariser des concepts complexes. Il est cofondateur de Oaktree Capital Management, une firme de stratégies alternatives qui gère plus de 200 milliards de dollars. En 2019, la firme a été acquise à 62% par Brookfield Corporation, tout en laissant le contrôle des opérations du quotidien à Oaktree.

Sur le spectre valeur et croissance, Howard Marks se situe davantage du côté valeur, ayant bâti son succès notamment dans les distressed securities. Ce qui distingue Howard Marks, c’est l’abondance de contenu qu’il a produit au fil des années, avec ses mémos, ses conférences et ses écrits. Cela permet d’aller bien au-delà de ce livre. Lire The Most Important Thing m’a ouvert les yeux non seulement sur sa pensée d’investisseur, mais aussi sur sa capacité à vulgariser des concepts complexes avec clarté. Il est un communicateur hors-pair. Après m’être éloigné un peu du style valeur, le livre a été en quelque sorte un retour à mes racines, mais tout en ajoutant les nuances que je connais maintenant sur ce style d’investissement.

Je crois que dans les personnes que j’aime le plus lire/écouter, entre autres, parce que la quantité de contenus est suffisant pour rendre le processus intéressant est:

  • Warren Buffett/Charlie Munger
  • Peter Lynch
  • Howard Marks

C’est pourquoi j’ai décidé aujourd’hui de revenir sur mes notes et de partager quelques-uns des enseignements clés que j’ai retenus de ce livre.

Second Level Thinking : Voir au-delà de la panique

L’investisseur rationnel doit toujours aller plus loin que la lecture superficielle du marché. Ce que Howard Marks appelle le second level thinking, c’est la capacité de voir ce que les autres ne voient pas.

Quand tout le monde vend dans la panique, en pensant que « le futur est noir », c’est justement le moment d’acheter. Les profits des entreprises vont peut-être diminuer, mais souvent moins que ce que le marché anticipe. Celui qui reste lucide peut donc trouver des occasions là où règne la peur.

Tout est mauvais, donc tout le monde pense que tout sera toujours mauvais et donc c’est le moment d’acheter.

Ray Dalio a aussi parler de quelque chose de similaire dans ses livres. Il va plutôt parler de Second-Order Thinking. J’ai couvert deux livres de Ray Dalio dont Principles et Dealing with the Changing World Order.

L’efficience des marchés et « Who doesn’t know that? »

Les marchés financiers sont souvent décrits comme étant si efficients qu’il est presque inutile d’essayer de trouver des gagnants. Les prix intègrent rapidement l’information publique.

Marks rappelle avec ironie : « Who doesn’t know that? »

Tout le monde a accès aux prix des titres, à leurs fondamentaux et à leur valorisation et donc il n’y a aucune valeur à ces informations. Toutefois, une interprétation différente de l’information du marché peut amener de la valeur….à condition d’avoir raison. Cela reste un jeu extrêmement difficile dans les très grande capitalisations à mon avis.

Chez les investisseurs autonomes

« Who doesn’t know that? », c’est ce qui me fait le plus douter quand je vois des investisseurs autonomes favorisant les plus grands titres du marchés en disant qu’ils vont surperformer grâce à ces titres. Comme le rappel Howard Marks: « Who doesn’t know that? » Qu’est-ce que vous savez de plus que le marché? Si vous êtes un investisseur, la probabilité que vous puissiez apporter de l’information pertinente au marché alors que tous les analystes du monde sont rivés sur ces titres est plutôt…faible. Si l’opportunité est si évidente, pourquoi êtes-vous dans les seules personnes à le savoir? Ma conclusion dans cette situation: Il y a peut-être des risques que certains considèrent et dont vous ignorer.

Dans mes investissements personnels

Je n’ai pas la prétention de pouvoir faire mieux avec des titres de très grandes capitalisations, ou du moins, très rarement, car il y a tellement de compétition avec ces titres. Il m’est arrivé d’en détenir comme tout le monde, mais c’est généralement une part plus petite de mon portefeuille. Assurément, il y a des gens qui ont accès à plus d’information que moi grâce à des connexions ou bien parce qu’ils sont des fournisseurs, clients, employés, etc. Les peu de fois que j’ai acheté des grandes capitalisations, c’était parce que le sentiment entourant les titres étaient mauvais…et que malgré que les résultats n’étaient pas incroyables au moment de l’achat, il n’y avait pas raison d’être pessimiste pour le futur.

Pour des petites capitalisations « Who doesn’t know that? » devient beaucoup plus facile à expliquer. Le manque de couverture du titre peut en être la première raison. Certains titres que je détiens n’ont aucune couverture d’analyste et ont aucun support d’investisseurs institutionnel. Parfois leur petite taille fait en sorte que les fonds d’investissement ne s’intéressent pas à ce genre de titres dû à leur faible liquidité. Je sais très bien que les gestionnaires avec 50 millions et plus sous gestion (c’est-a-dire pratiquement tout le monde) ne peuvent pas en acheter. Les conseillers financiers qui pourraient en acheter ne le font pas parce que justifier l’achat d’une très petite capitalisation à leur département de conformité serait l’enfer et s’ils avaient l’horreur d’avoir tort, cela pourrait même entacher leur réputation.

Bulles et cycles : une réalité inévitable

L’histoire des marchés montre qu’il ne suffit pas d’avoir raison : il faut avoir raison au bon moment.

« Being too far ahead of your time is indistinguishable from being wrong. »

Howard Marks

Les investisseurs vendent souvent trop tôt par peur, ou achètent trop tard, par euphorie. En microéconomie, à mesure que les prix montent, la demande diminue, mais dans les marchés financiers, c’est souvent l’inverse : plus ça monte, plus les investisseurs veulent acheter. Les bulles sont attirantes : elles reposent sur la croyance que les prix ne feront que monter. Quand les investisseurs veulent prendre plus de risques à n’importe quel prix, la bulle se forme. Mais les marchés sont cycliques. Les excès de confiance, suivis de la panique, se répètent encore et encore. La seule attitude rationnelle est d’accepter ces cycles et de s’y préparer.

Même les investisseurs intelligents, éduqués et informés ne sont pas à l’abri des biais psychologiques. La peur de manquer une occasion (FOMO), l’envie de comparer sa performance à celle des autres, ou encore l’illusion que « cette fois-ci, c’est différent », poussent les foules à agir de manière irrationnelle.

Ces biais sont universels et créent une pression collective. C’est pourquoi les erreurs de marché ne sont pas exceptionnelles mais fréquentes, généralisées et récurrentes.

Est-ce que le marché de l’IA est en bulle? – Septembre 2025

L’intelligence artificielle amène des bienfaits qui sont évidents tout comme… l’internet au début des années 90. Est-ce que nous sommes au niveau des années 2000? Je ne crois pas du tout.

Toutefois, j’ai un peu peur quand je vois les milliards dépensés par Meta seulement pour attirer quelques personnes du cercle de l’IA à travailler chez eux comme s’ils étaient des quarts arrières de la NFL. Cela montre que certaines compagnies semblent être désespérées d’être « dans la game ». Si vous êtes une compagnie du MAG 7, vous avez une pression collective ÉNORME pour concurrencer les autres entreprises dans ce domaine. On ne connait pas tout à fait les déboucher, mais vous devez être la meilleure entreprise du domaine quand même!

J’ai peur quand je vois les sommes astronomiques dépensés aujourd’hui en data centers en prévision d’avoir des modèles ultra puissants qui consommeront une quantité épouvantable d’énergie. Peut-être qu’ils auront effectivement besoin de cette capacité de calcul. S’ils en ont besoin, mon second-level thinking est: est-ce que cela sera rentable de l’avoir fait?

Tout comme l’univers des cryptomonnaies, lorsque j’ai davantage de questions que de réponses, je passe mon tour. Si vous pensez avoir les réponses, évidemment que vous pouvez investir dans ce vous croyez. Toutefois, l’investissement n’est pas que d’investir dans ce que l’on croit, il faut surtout avoir raison au bout de la ligne. À quel point êtes-vous certain que votre thèse d’investissement se réalisera? Le poids des titres doivent être ajustés en conséquence.

« It’s frightening to think that you might not know something, but more frightening to think that, by and large, the world is run by people who have faith that they know exactly what’s going on. »

Howard Marks

Le contrôle du risque : comme une assurance

Dans les bonnes années, le contrôle du risque peut sembler inutile. L’investisseur prudent se contente de rendements plus modestes, comme un propriétaire qui paie son assurance sans jamais avoir d’incendie. Mais lorsque les mauvaises années arrivent, le contrôle du risque révèle toute sa valeur.

Comme Marks le résume :

  • Les choses probables échouent souvent à se produire.
  • Les choses improbables arrivent… tout le temps.

« There are two kinds of forecasters : those who don’t know, and those who don’t know they don’t know »

John Kenneth Galbraith

L’impact sur mon portefeuille

C’est probablement le livre qui aura eu l’effet le plus concret sur moi. Pas nécessairement parce que cela été LE meilleur livre, c’est surtout que j’étais en train de m’orienter purement vers des titres davantage qualité, mais le livre m’a finalement convaincu d’acheter un titre deep value qui m’aura porté assurément chance.

Mon portefeuille peut sembler décousu : mes deux plus grands succès cette année proviennent d’un titre de forte croissance et d’un autre de type deep value. Preuve que je commence à investir sur plusieurs terrains de jeu… et que ça fonctionne très bien. Ultimement, le style de titres n’a pas d’importance, il faut simplement se tenir à ce que l’on comprend et reconnaître les points forts et faibles de chaque style d’investissement.

Je garde une préférence pour les titres de grandes qualités et un avenir prévisible, car on peut garder très longtemps ces titres sans problème et ceux-ci nous amènent toujours plus haut. le problème est que tout le monde est au courant de ces titres et les trouver à prix raisonnable est excessivement difficile.

Conclusion

Les marchés resteront toujours marqués par des cycles, des bulles et de la panique. Mais l’investisseur qui garde la tête froide, qui pense en second niveau et qui accepte d’avoir tort temporairement pour avoir raison à long terme, celui-là sera gagnant.

J’ai beaucoup apprécié le livre. Il est facile à lire et les enseignements sont extrêmement intéressants en plus que ceux-ci soient intemporels. Il y a une grande emphase sur la gestion des risques.

« There are old investors, and there are bold investors, but there are no old bold investors. »

Howard Marks

C’est un ouvrage que je recommande à tout investisseur, qu’il soit débutant ou expérimenté, car il rappelle l’essentiel : le succès en investissement ne repose pas seulement sur la recherche de rendements, mais surtout sur la capacité à contrôler ses émotions, contrôler ses risques et penser au deuxième degré.

Le journal d’un investisseur

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