Retraite101, qu’on pourra dorénavant nommer sous le nom de Vincent, s’est dévoilé sur sa page Facebook. Je l’ai félicité pour son courage, car, si vous ne le saviez pas, il a étalé sa vie financière sur son blogue depuis plusieurs années, et je n’aurais définitivement pas ce courage.
Cela m’a forcé à me questionner pourquoi je n’aurais pas ce courage.
On ne parle pas de politique ou sexualité avec n’importe qui, c’est la même chose avec l’argent et surtout on n’aborde pas au même niveau avec n’importe qui. Chaque sujet amène des inconforts différents, mais je pense qu’ils reviennent tous au même point central. On ne veut pas se faire juger sur:
- Le parti que l’on vote;
- Nos pratiques sexuels;
- Comment on épargne/dépense.
Jusqu’où devons-nous parler d’argent?
Ce n’est pas parce que l’on veut que les gens soient à l’aise avec leur corps qu’ils doivent se dénuder devant les autres « pour prouver » qu’ils le sont vraiment. Ça peut être une façon de le prouver, mais en même temps, je ne le juge pas nécessaire. Je pense qu’il faut différencier l’objectif premier du « pur voyeurisme ». J’emprunte cette expression de Michel David du journal Le Devoir qui l’avait utilisé pour expliquer sa position du dévoilement des avoirs des chefs de parti lors de la campagne électorale.
Le but de parler d’argent est que tout le monde progresse. Parler en détail d’une situation financière personnelle, je pense que ça devient en partie du voyeurisme, car cela ne s’applique à probablement personne sauf l’individu concerné.
Dans certains cas, on peut comprendre l’objectif
Je suis un professionnel, donc on se doute que je gère mes actifs mieux que la moyenne (on l’espère en tout cas!) et donc que ça pourrait être « d’utilité publique ». Par contre, pour moi, c’est clair et net que je ne dévoilerais pas mes investissements en détail parce que je juge que la recherche que j’effectue pour mon portefeuille personnel a une valeur. Les gestionnaires de portefeuille peuvent se faire très bien rémunérer pour gérer un fonds d’investissement, donc je ne verrais pas pourquoi je divulguerais cette information gratuitement.
L’intérêt de savoir les montants diminue assez rapidement si on ne veut pas savoir comment le portefeuille est construit. J’aborde de temps en temps les finances personnelles, mais personne dirait que c’est pour ça que les gens me suivent en premier lieu.
Dans le cas de Retraite101, la progression est intéressante et on peut savoir très précisément ce qu’il a fait pour y arriver. Je pense que l’aspect intéressant est aussi qu’il n’a pas commencé avec 500K$ dans son compte. On a vu une réelle progression.
Ça reste que je ne pense pas que c’est fondamentalement nécessaire de savoir le montant des comptes pour comprendre comment l’individu s’est rendu là. On est un peu dans le voyeurisme… c’est un peu notre plaisir coupable.
Nos limites personnelles
Au final, chacun met un peu sa ligne de qu’est-ce qu’il juge trop personnel et c’est normal que chacun ait sa propre limite. Ça reste que moins que l’on est prêt à partager, moins que les gens seront prêts à échanger avec nous et on peut entrer dans un cercle vicieux de simplement ignorer le sujet. On s’échange de l’information « sensible » parce que l’on sait que les 2 parties peuvent en retirer quelque chose.
Personnellement, ma ligne est une combinaison entre l’importance de l’information (ce que la personne peut en déduire sur ma situation financière), l’utilité de l’information pour la personne et la relation que j’ai avec la personne. Si une personne que je connais peu regarde pour une maison dans mon coin et que je viendrais d’acheter quelque chose, je serais forcément plus enclin à en parler qu’une personne qui habite à 5h de chez moi et qui demande « juste pour savoir ». Si on remplace cette personne par un ami proche, je serais déjà plus tenter d’y donner la réponse peu importe si c’est « utile » pour lui/elle.
Le journal d’un investisseur
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