On conseille d’acheter lorsque les marchés baissent, mais pourquoi un marché baissier est-il intéressant? S’il était si intéressant, les gens achèteraient des actions au lieu de les vendre non? Est-ce qu’un marché qui a connu une baisse de 20%-30% est un bon achat? Je vais tenter d’expliquer le mécanisme derrière la chute des marchés boursiers.
pourquoi cette chute ne sera pas la dernière
Premièrement, une crise est avant tout un choc réel pour les entreprises. La crise du COVID-19 aura un impact assez évident sur certaines industries comme le tourisme. Ces entreprises connaîtront une mauvaise passe qui n’était pas anticipée par le marché. Ces mauvaises perspectives réajustent le prix des actions à la baisse. Le ralentissement de certains secteurs pourrait causer des mises à pied et un ralentissement de l’ensemble de l’économie faisant craindre des impacts à plus long terme que simplement les quelques semaines de quarantaine. Aussi, après des périodes haussières importantes comme nous avons vécu depuis 10 ans, le marché est parfois un peu trop optimiste par rapport au futur. Un simple retour à la réalité causé par une crise fait lui aussi diminuer le prix des actions. Ces facteurs ne sont pas la raison pourquoi une crise est intéressante à long terme, car ceci corrige simplement la perception du marché avec la réalité.
Pourquoi les crises sont presque toujours de bonnes affaires
De l’autre côté, plusieurs raisons expliquent pourquoi les prix des actions diminuent plus qu’ils ne devraient lors des crises. Premièrement, il y a de l’incertitude. On ne sait pas combien de temps va durer une crise et le marché l’intègre aux prix des actions. Cette marge de manœuvre que se donne le marché est historiquement généreuse. En bref, le marché rémunère sous forme de rendements futurs les courageux qui investissent pendant ces périodes difficiles. Deuxièmement, certaines personnes peuvent craindre pour leur emploi. Ces personnes vont retirer leurs liquidités en bourse pour avoir un coussin de sécurité plus grand. Quand beaucoup de gens veulent sortir leurs billes au même moment, mais qu’il n’y a pas plus de gens pour les acheter, l’effet de l’offre et de la demande peut faire diminuer les prix. Finalement, lorsque la crise s’accentue, certains individus vont commencer à paniquer, car ils voient le marché descendre et vont vendre eux aussi.
Il s’agit de l’incertitude, l’effet de troupeau et l’excès de vendeur en bourse qui font diminuer les prix de façon exagérée. Pour cette crise, certains blâment aussi les algorithmes de trading et les stratégies de placement qui font une gestion des risques basée sur le VIX (l’indice de volatilité du S&P500). Pour faire court, deux stratégies qui vendent davantage lorsque les prix descendent brusquement.
Le parallèle entre la bourse et l’achat de papier de toilette excessif est assez facile à faire. Les gens achètent du papier toilette parce qu’ils ont peur de rester en quarantaine en achetant de façon disproportionnée pour leurs besoins. Ensuite, un individu imite cette personne lui aussi par crainte de rester en quarantaine. Finalement, des individus qui étaient calmes commencent à modifier leurs comportements pour se procurer du papier de toilette parce qu’un effet de pénurie est créé. Ce type de scénario peut aussi arriver en bourse.
Exemple avec un compte marge
Une personne audacieuse peut utiliser un compte marge pour profiter de cette irrationalité et faire le plein d’action pendant que les prix sont bas et vendre quand la tempête sera finie. Un compte marge permet d’investir des sommes qu’on ne possède pas à partir du compte avec lequel on transige en bourse. Les courtiers prêtent, car c’est profitable de le faire, mais ils ont des mesures de risque à respecter. La transaction pour l’investisseur est très risquée et est destinée à des investisseurs expérimentés.
Par exemple, un individu ouvre un compte marge avec 1M$. Le courtier peut lui faire un prêt d’au maximum 70% de la valeur marchande des actifs. Cela implique qu’actuellement l’individu peut obtenir un prêt colossal de 2.33M$. Si le montant du prêt dépasse 70% des actifs, le courtier reprend le prêt en liquidant les positions de l’investisseur. L’individu pense faire une bonne affaire et achète alors que le marché est à 30% du dernier sommet, Il emprunte 1.5M$ à son courtier. Son taux d’endettement actuel est de (1.5M$/(1M$+1.5M$) = 60%. Malheureusement, le marché n’était pas au plus bas et celui-ci glisse encore une fois de 20% pour une chute totale de 44% depuis le dernier sommet. La valeur des actifs est maintenant de 2M$ et le taux d’endettement de 1.5M$/2M$ = 75%. Le dépassement de la limite oblige le courtier à vendre l’équivalent de 1.5M$ d’action pour se renflouer et laisse l’investisseur avec 500K$. Cette vente de feu aura pour effet de faire diminuer le marché alors que les actions étaient déjà à un niveau attrayant. L’individu se retrouve à vendre des actions dû à la panique des autres investisseurs.
En bref, alors que le premier moment de panique pourrait être justifié, l’amplification de celui-ci crée des opportunités pour ceux qui ont les liquidités pour investir. Il s’agit du principe d’acheter quand tout le monde veut vendre et de vendre quand tout le monde veut acheter. Est-ce qu’acheter après des brusques chutes est une bonne idée? Chose certaine, c’est mieux d’acheter après la chute qu’avant. Les rendements qu’on peut s’attendre un an après le creux sont très intéressants, je vous laisse en juger avec ce tableau.

Que faire?
Le problème est que viser le creux est pratiquement impossible. La meilleure stratégie reste d’avoir un horizon long terme, acheter de façon périodique pour étaler les achats et acheter des actifs qui concordent avec votre tolérance au risque. De cette façon, il est possible que vous achetiez alors que le marché continue de descendre, mais vous allez aussi faire des achats près du creux qui seront très rentables et un peu lorsque le marché augmentera de façon continue. Il s’agit de la stratégie de « dollar cost averaging ». Voici un exemple illustré:

La stratégie ne semblait pas très gagnante au creux avec un rendement moyen de -12.6% et de -26.9% sur les premiers dollars investis, mais les gains sur les 12 prochains mois portent le rendement moyen à 19%.
Conclusion, investir en temps de crise est souvent profitable, mais il faut être prêt à voir ce montant fluctuer avant d’arriver à destination finale. En date du 20 mars, l’indice mondial MSCI ACWI avait chuté de plus de 30% depuis son dernier sommet. Ce n’est pas évident de savoir quand le creux sera atteint, mais que font le top 1% de la société en ce moment? Ils achètent, encore et encore.
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